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La Sainte Barbe départementale

La Sainte Barbe départementale

Le 17 novembre 2022 s’est tenue au centre de secours de Guéret la Sainte Barbe du Sdis 23


Retour sur notre cérémonie de #saintebarbe départementale qui s’est déroulée jeudi 17 novembre 2022.

Cette cérémonie a été l’occasion de remercier l’ensemble des sapeurs-pompiers professionnels et volontaires, personnels administratifs et techniques, jeunes sapeurs-pompiers, anciens sapeurs-pompiers et employeurs partenaires pour leurs actions et engagements.
Félicitations à tous les diplômés, promus et médaillés.
Merci à la Batterie-Fanfare Sapeurs-Pompiers de Boussac pour sa présence.

Les sapeurs-pompiers de la Creuse devront faire face à de grands défis climatiques et financiers

Publié le 20/11/2022 à 19h00

La colonelle Stéphanie Duchet, directrice du Sdis de la Creuse, et Bertrand Labar, son président, ont dressé à la fois un bilan de l’année écoulée
et les grands défis des années à venir lors de la Sainte-Barbe 2022 © BARLIER Bruno

Cette Sainte-Barbe départementale des sapeurs-pompiers de la Creuse 2022, qui s’est tenue au centre de secours principal Maurice-Lebon, à Guéret, a été à la fois l’occasion de faire le bilan, traditionnel, de l’année écoulée mais aussi de dresser des perspectives face à un avenir qui s’annonce compliqué pour le corps des sapeurs-pompiers tout entier.

2022 a été, à bien des égards, exceptionnelle en Creuse. Dans le nombre d’interventions tout d’abord, avec 10 % d’incendies et de feux de végétation en plus des années précédentes et 150 % d’interventions complémentaires en lien direct avec les intempéries qui se sont abattus sur le sud Creusois, notamment en juin. « De soldats de la vie, vous devenez des soldats du dérèglement climatique », évoquait à juste titre lors de son discours, Bertrand Labar, président du Sdis 23.

Cet été, plus d’une centaine de sapeurs-pompiers creusois se sont ainsi relayés pour lutter contre les mégafeux qui ont ravagé les forêts de Gironde et des Landes. Une mobilisation inédite à l’extérieur, qui pourrait malheureusement se reproduire au regard des effets dévastateurs du dérèglement climatique. Comme au sein même du département. 

« Il faut que l’on travaille sur l’anticipation et avec la population, parce qu’il faut prendre conscience que nos départements vont être concernés par la sécheresse de la même manière que dans le sud et que les feux de forêts ou d’espaces naturels seront de plus en plus importants »

colonelle Stéphanie Duchet (directrice du Sdis 23)
La colonelle Stéphanie Duchet, directrice du Sdis 23 lors de la Sainte-Barbe départementale qui s’est déroulé vendredi 18 novembre @ Bruno Barlier 

Mieux anticiper, travailler avec la population et maintenir une solidarité entre les départements

Formation renforcée des sapeurs-pompiers et moyens adaptés à ces interventions démultipliées d’un côté donc, mais aussi poursuite, comme cela s’est fait cette année, de la limitation des activités agricoles ou des accès à certaines zones lorsque les risques sont très sévères. Car « la plupart du temps, les feux sont générés par les activités humaines, note la colonelle. Même en taillant une haie ou en débroussaillant le bord des routes, on peut générer un incendie donc il faut une prise de conscience collective sur ce sujet ».

Les sapeurs-pompiers de la Creuse toujours en soutien en Gironde pour vaincre les incendies

Les violentes chutes de grêle début juin et les dégâts considérables qu’elles ont occasionnés dans le sud creusois ont montré toute l’importance de la solidarité entre les centres de secours.

« Il faut que nous soyons suffisamment accompagnés et secourus, qu’il y ait cette solidarité, à la fois que nous avons apportée au département de la Gironde et que nous avons reçue au mois de juin des départements voisins, Puy-de-Dôme, Dordogne, Cantal, Haute-Vienne, parce qu’à un moment, les moyens d’un département ne suffisent pas quand on a une crise de cette ampleur »

Colonelle Stéphanie Duchet (directrice du Sdis de la Creuse) @Bruno Barlier

D’autant que 94 % des effectifs creusois sont des pompiers volontaires. « Quand la crise se prolonge dans le temps, il faut absolument que l’on ait du renfort pour accompagner ces missions et renouveler les personnels engagés ».

« Le sujet climatique est important, et nous avons encore des moyens qui sont relativement anciens », rappelle la colonelle qui souhaiterait les renouveler, selon les budgets dont le Sdis disposera mais encourage aussi et surtout, dans l’immédiat, à « optimiser les ressources » déjà disponibles.

Bertrand Labar a insisté sur un constat entendu auprès d’autres Sdis : « Nous sommes dans une économie de guerre ». Ajoutant, en s’adressant aux financeurs (Département, Com-com et communes) et politiques présents, que « ce dernier service public disponib­le face à la désertification sanitaire ne vivra pas qu’avec des qualificatifs et des superlatifs élogieux, mais avec des décisions budgétaires cohérentes et courageuses ».

« En 15 minutes, il y a eu du mal ! » : reportage dans le village de Crocq (Creuse) touché par un orage de grêle

                                                          2022 en chiffres
 11.000 interventions devraient être recensées d’ici la fin de l’année pour 2022 (10.075 en 2021).

   72 % de ces interventions sont consacrées au secours de soins d’urgence aux personnes.
    10 % d’incendies et de feux de végétations supplémentaires par rapport aux années précédentes.
 150 % d’interventions diverses complémentaires ont eu lieu en 2022 en lien avec les intempéries (grêle, inondations). Plus de 550 interventions ont ainsi eu lieu sur les secteurs de Crocq, Dontreix et Mérinchal.
33 % d’interventions assurées en plus depuis dix ans.

Un million d’euro à trouver pour financer le fonctionnement au quotidien et le surcoût énergétique

Car dans le même temps, le Sdis 23 doit poursuivre ses interventions courantes et lutter contre un autre embrasement, celui du coût de l’énergie, qui devrait gréver sérieusement les budgets à venir avec une explosion des coûts estimée à 500.000 €. « Cette situation est identique dans tous les Sdis, je dirai même dans tous les établissements publics puisqu’on subit les problématiques énergétiques comme partout », constate Stéphanie Duchet.

Et cela veut dire faire des choix sur certains investissements sans rogner sur ce qui touche à la préparation des interventions sur feux et à la sécurité des personnels. En termes de fonctionnement, les projections prévoient, là aussi, une augmentation des dépenses de l’ordre de 500.000 € (refonte des catégories C, D, revalorisation du point d’indices, réévaluation des indemnités des sapeurs-pompiers volontaires, etc.). Soit une enveloppe totale de 1 M€ qu’il faudra bien trouver pour financer le tout.


@Bruno Barlier

Des problématiques qui sont « au-delà de ce qu’on avait envisagé », ajoute-t-elle. « C’est pratiquement une inconnue sur la réalité qui sera celle de 2023, il faut que l’on soit préparé à ça ». Et « que l’on soit accompagnés ». 

Comment l’inflation met le feu aux finances des pompiers de la Creuse

Le président du Sdis l’assume, « le fonctionnement se fera au dépend de l’investissement. Certes, il a été important ces dernières années mais il ne doit jamais être interrompu trop longtemps », souligne-t-il dans le même temps. Il a évoqué la promesse d’une enveloppe de l’État de 150 millions d’euros qui alimenterait un fonds d’investissement en sommeil et d’ajouter : « On verra comment se concrétisera cela dans nos services. 150 millions divisés par une centaine de Sdis, ça ne fera pas forcément la bonde, comme on dit en Creuse ».

La participation du domaine assurantiel pourrait aussi être une source de financement qui est évoquée depuis plusieurs années et sur laquelle a rebondit la présidente du Conseil départemental, Valérie Simonet, qui a soumis l’idée au Sénat où elle représentait les départements de France il y a quelques jours, dans le cadre d’échanges sur le projet de Loi de finances 2023. 

« J’ai émis cette simple suggestion qu’il serait bienvenu d’augmenter d’un infime pourcentage le prélèvement sur les contrats d’assurance. Imaginez à l’échelle nationale le potentiel ! Ces quelques centimes par contrat pourraient être redistribués aux Départements via cette taxe spéciale sur les contrats d’assurance et nous nous engagerons à flécher ces nouveaux moyens exclusivement au financement des Sdis »    Valérie Simonet (présidente du Conseil départemental)

Valérie Simonet s’est également engagée à augmenter la participation du Conseil départemental dans une nouvelle convention triennale et annoncé une augmentation de la contribution des communes et intercommunalité en 2023, de l’ordre de 2,50 euros par habitant afin de financer le fonctionnement du Sdis 23.

« Un euro dans la prévention c’est 8 euros économisés dans les dégâts occasionnés, a rappelé pour sa part Bertrand Labar. Il faut arrêter de percevoir le Sdis comme une simple charge mais prendre en considération l’ensemble des valeurs sauvées par les interventions, que ce soit des vies humaines, des habitations, des entreprises ou notre environnement. »

De nouveaux véhicules, une caserne flambant neuve et d’autres rénovées

Depuis 2015, le Sdis de la Creuse a opéré une remise à niveau qui lui « permet d’avoir un matériel relativement adapté ». Cette année encore, il s’est doté de quatre ambulances et a acquis deux engins d’occasion : un engin feux de forêt en provenance du Bas-Rhin et un véhicule de commandement, venu de la Dordogne, qui viendront renforcer les moyens « relativement anciens » à disposition en matière de lutte contre les feux de forêt.

Quand les pompiers de la Creuse font des économies de bout de chandelle

La sécurité collective a aussi été un point d’investissement avec du matériel courant tels que des gants, des tenues, des échelles de toit mais aussi un véhicule de soutien dévolu à « secourir des sapeurs-pompiers qui seraient en difficulté. On peut avoir quelques malaises quand on intervient sur des feux d’été », détaille la colonelle. 

« Nous sommes très vigilants à ce que tous nos effectifs soient dans des conditions optimales pour leur sécurité donc on fera le nécessaire évidemment pour leur apporter ce qu’il faut. »  Colonelle Stéphanie Duchet (directrice du Sdis de la Creuse)

Dans un avenir proche, la directrice du Sdis avoue que le renouvellement du gros matériel sera réfléchi « de façon très prioritaire » voire « mis en pause », rappelant qu’une ambulance reste un investissement de 90.000 euros, et qu’un engin feu de foret coûte 250.000 euros.


@Bruno Barlier

Concernant le bâti, la nouvelle caserne de La Souterraine va bientôt accueillir ses personnels. Les travaux d’extension du centre de secours de Crocq avancent puisqu’il voit sa partie administrative quasiment aboutie. Plusieurs centres dont celui de Grand-Bourg, Bussière-Dunoise, Faux-la-Montagne ou Genouillac ont vu cette année un petit coup de neuf dans leurs locaux.

La colonelle le sait, il y a encore des choses à faire sur le volet rénovation des casernes. « Les conditions d’accueil des sapeurs-pompiers sont importantes, bien évidemment, les choses qui ont déjà été identifiées seront réalisées, dans une moindre mesure en terme d’investissement », tempère Stéphanie Duchet qui privilégiera celui dévolu au matériel de sécurité des pompiers que le rafraîchissement des casernes, notamment des plus grosses.

Texte : Julie Ho Hoa
julie.hohoa@centrefrance.com
Photos : Bruno Barlier

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